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Quartier Midi : telle n’est pas la capitale de l’Europe que nous voulons
lundi 28 janvier 2008
Au Pt de la Région de Bruxelles Capitale, à Madame la secrétaire au logement, à Mmes et MM. les parlementaires de la Région de Bruxelles Capitale, à M. le Président de la Commission Européenne.
Le Conseil Communal de Saint Gilles a adopté un 5ème plan d’expropriation pour utilité publique et en extrême urgence dans le quartier de la Gare du Midi, à St Gilles (Bruxelles). Il appartient désormais à la Région de Bruxelles Capitale, dont le Président est aussi le Bourgmestre de Saint Gilles d’adopter ce plan.
Différentes associations locales représentatives des habitants et actives dans le domaine du Droit au logement, du Droit à la ville et des Droits de l’homme ont présenté des revendications lors de la Commission de concertation qui s’est tenue le 27 novembre 2007. Seule instance officielle de consultation de la société civile dans le cadre de projets immobiliers, cette commission s’est massivement abstenue à l’heure de rendre son avis. Le rapport de la séance de cette commission n’a pas été transmis préalablement au vote aux Conseillers Communaux.
Soutien aux revendications associatives
Il appartient donc aujourd’hui à la Région de prendre en compte les revendications tout à fait raisonnables formulées par la société civile bruxelloise, exprimées dans le respect de la démocratie. Ces revendications sont les suivantes :
1. Rénover sans détruire. Car ce que les pouvoirs publics proposent c’est de détruire du logement pour en construire de nouveaux, pour un autre public, fiscalement plus rémunérateur.
2. Reloger tous les locataires – que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités en proposant aux habitants expropriés une solution de relogement décente comme cela s’est fait déjà fait dans d’autres dossiers ;
3. Engagement de la Région de proposer un planning concret d’expropriation de maximum de 6 mois, condition à laquelle devrait être par ailleurs soumise toute procédure d’expropriation ;
4. Respecter la loi en garantissant la juste indemnisation des propriétaires et des commerçants ;
5. D’une manière ou d’une autre, mettre fin immédiatement à l’incertitude qui pèse sur les habitants menacés d’expropriation dans les îlots A et D, dont le seul « tort  » est d’être installés sur des parcelles où le PPAS Fonsny n°1 a prévu des fonctions « faibles  » (le logement), qui ne sont à ce jour toujours pas réalisées.
Nous, associations et de la société civile européenne et d’ailleurs, soutenons ces revendications légitimes. Nous nous étonnons grandement que des crédits destinés au logement public soient utilisés pour exproprier et détruire des logements en partie rénovables alors qu’à Bruxelles comme ailleurs, la pénurie de logements est criante, comme le dénoncent notamment les rapports des Nations-Unies.
Contre le nettoyage social
Nous nous étonnons par ailleurs que dans un cas récent d’expropriation dans le même quartier, un juge ait pu justifier l’utilité publique en ces termes : « Attendu que la gare du Midi ne peut plus être le terminus des migrants pauvres en quête de terre promise  », semblant ainsi justifier une opération de nettoyage social et corroborer les inquiétudes associatives et citadines.
Le projet de « revitalisation  » du quartier du Midi ne fait pas honneur à la Capitale de l’Europe. Depuis de nombreuses années, tous les voyageurs internationaux ont pu constater la dégradation du quartier - entièrement imputée aux autorités publiques dans un autre jugement dont nous avons connaissance, lequel condamne en outre des violations des Droits Humains par les pouvoirs publics.
Nous condamnons ainsi avec la plus grande fermeté le saccage de l’immeuble situé au 53, rue de Mérode le 15 janvier abritant les Editions Agone et le Comité du Quartier Midi, effectué en toute illégalité à l’initiative des autorités régionales. Nous exigeons la démission et la condamnation des responsables de cette opération punitive.
Opposition au Plan de Développement International de Bruxelles
Plutôt qu’une vitrine pour investisseurs, nous attendons en effet que la Capitale de l’Europe soit un modèle de respect de la démocratie, d’écoute de la société civile et de protection des plus faibles, en quête ou non de "Terre Promise". L’urbanisme inhumain du Quartier Européen, édifié sur les ruines de la vie citadine, venant après la destruction totale du Quartier Nord déjà à des fins d’"internationalisation" jamais réalisées, ne semble pas avoir servi de leçon.Cela suffit !
Ayant par ailleurs pris connaissance du Plan de Développement International de Bruxelles, clairement inspiré par les milieux d’affaires, de son approche de City Marketing, de sa logique de concurrence de tous contre tous, nous tenons à affirmer avec force que telle n’est pas la Capitale de l’Europe que nous voulons. L’identité européenne que le PDI prétend imposer aux Bruxellois au moyen avoué de techniques de marketing n’est pas non plus l’identité des Européens.
Car à ce compte, toute l’Europe ressemblera bientôt au Quartier Midi, notamment à travers la promotion de partenariats publics privés qui ne profitent, dans le meilleur des cas, qu’aux intérêts des milieux d’affaires.
Premiers signataires :
Kings’s Cross Railway Land Group (Londres), Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (AITEC), Avenir Vivable (France), Comité des Sans Logis (France), Coordination Anti-démolition (France), Droit Au Logement (France), Front d’action populaire en réaménagement urbain (Canada), Kenya Network of Grassroots Organisations (Kenya), Mouvement des Sans Voix du Mali, No-Vox, Urban Poor Associates (Philippines), International Alliance of Inhabitants, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM)